Notre monde est régi par les quatre éléments. Le monde de Dieu n’est que Feu, unité. Ainsi l’hypothèse veut qu’il y ait deux mondes intermédiaires entre le nôtre et le monde divin. Tout cela formant une Tetraktys.

Ces quatre mondes ou « âges de l’Homme » nous sont révélés par l’énigme de la Sphinge à Oedipe. Ils sont le reflet inversé du monde physique. Selon la formule de la table d’Émeraude « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et comme ce qui est en haut est comme ce qui est en bas… ».

« Qu’est-ce qui, dôté d’une seule voix, a d’abord quatre pieds [le matin], puis deux [à midi], puis trois [le soir] ? 
[…] Œdipe résolut l’énigme en répondant que c’était de l’homme que parlait la Sphinge : nouveau‑né, il a en effet quatre pieds puisqu’il se déplace à l’aide de ses quatre membres, adulte il tient sur ses deux jambes, et enfin vieillard, il s’appuie sur son bâton, sa troisième jambe. » [1]

Le monde des quatre éléments serait le monde humain. C’est le monde de l’homme au commencement de son parcours spirituel, comme le lever de soleil du matin. Il est spirituellement à quatre pattes comme un enfant et comparable à un animal. Ce monde est associé à la terre et par là à l’incarnation et à la raison consciente qui constitue le début du développement spirituel de l’homme, son corps psychique.

Le monde des trois éléments (Feu, Air, Eau) serait le monde de la Douat, celui des morts. C’est le monde de l’homme qui a fini sa vie comme le soleil couchant du soir. Ce monde est associé au règne animal car l’animal est guidé par son instinct, par ses émotions(Eau en astrologie).

Le monde des deux éléments (Feu, Air) est associé au règne végétal, car le végétal a pour principal attribut de communiquer (Air et Mercure en astrologie) avec le monde environnant. Il serait le paradis des Sekht-Ialou (champs des roseaux) ou Sekht-Hotep (champs de paix). L’Air figure des êtres qui sont de purs esprits et dont la nature est d’échanger, de communiquer comme on se le figure des anges. C’est le monde de l’homme en plein accomplissement spirituel comme un soleil de midi. L’homme debout.

Le premier monde du Feu est le monde divin, celui de l’Unité. C’est le monde de la Voix divine, une, de la volonté divine. Ce monde est associé au règne minéral car la pierre représente l’éternité. Elle est la pure présence (Soleil en astrologie).

L’homme intègre symboliquement en lui les trois autres règnes. Le minéral par les os, le végétal par la ramification du système nerveux et l’animal par ses organes et ses muscles. L’eau et le sang figurent les éléments Eau et Feu essentiels. Notre volonté profonde est à l’image de la volonté divine. En mourant nous perdons la dimension terrestre, celle de notre corps physique et psychique, de notre incarnation. C’est pourquoi il faut développer un sens d’identité supérieur à l’incarnation. En dépassant nos schémas émotionnels associés à l’Eau, nous accéderions à la sérénité du paradis. Il y a un parallèle entre les quatre signes de l’œuvre au noir et le monde humain, les trois signes de l’œuvre au blanc et la Douat et enfin entre les deux signes de l’œuvre au rouge et le monde angélique. La Balance, septième signe de l’œuvre alchimique, liée au jugement d’Osiris, correspond sur le dessin ci-dessus au dernier élément de la Douat, le septième. S’initier c’est préparer sa mort.

[1] Apollodore, La Bibliothèque, un manuel antique de mythologie, Vevey, L’Aire, 2014, Liv. III, Chap. 5, § 8, p. 140-141 complété par Edith, Hamilton, La Mythologie – Ses Dieux, Ses Héros, Ses Légendes, Paris, Marabout, 2019, p. 335.