- Symbole astrologique
Soleil en Scorpion. L’être rayonnant solaire est ici éprouvé par la destructuration, le démembrement.
- Opération alchimique
Il faut laisser la matière solide se décomposer, ce qui la transformera en un élément liquide, symbole de passivité absolue. C’est à la fin de la putréfaction que l’on aura, selon les alchimistes, le signe de la multiplicité des couleurs sous la forme de « la queue du paon », état de la matière qui fait penser à cette image. Ainsi, en alchimie opérative, lorsque la substance de l’oeuvre alchimique prend les couleurs du paon, cela indique que le travail de la putréfaction s’est déroulé avec succès et que la matière de l’oeuvre vit un changement de nature. Le paon a en effet comme caractéristique qu’il terrasse les serpents. La couleur final de ce processus sera l’apparition d’une blancheur sur la substance.
- Psychologie
C’est l’apprentissage de la vacuité d’une vie centrée sur l’ego et la nécessité de faire le vide en soi et autour de soi. C’est la mort des illusions rattachées à l’ego. Cette mort vise une transformation. C’est un moment où le Moi se met en retrait pour intégrer dans la conscience ce qu’il rejetait jusque-là, et qui fait pourtant partie de lui. Ce que Jung nomme « son ombre », sa part cachée, souvent l’inverse de ce qu’il met en avant socialement. Le pouvoir de nuisance de cette noirceur intérieure sera, tout comme un vampire, la personnalité de l’ombre, tuée par le simple fait de l’exprimer, de l’exposer à la lumière. C’est douloureux, car un grand pan de l’énergie psychique est constitué pour faire face à cette ombre. Pour la combattre dans la vie extérieure au psychisme en la projetant sur des ennemis. Cette épreuve évite l’hyperinflation du Moi. Le crâne de mort symbolisant cette opération est ici un avertissement de la difficulté de la tâche de l’oeuvre alchimique, qui doit faire fuir tous les chercheurs qui ne viennent qu’à reculons. C’est cela que l’on doit pouvoir nommer « la mort initiatique ». La mort, dissolution, de la personnalité consciente première. La putréfaction correspond à la perte provisoire de tout idéal. Au vide spirituel. Le symbole de ce moment est un oiseau (âme) symboliquement lié à la mort, à l’hiver. Le corbeau. Il trouve la vie dans la mort de la végétation en hiver. Il est donc la promesse de la capacité à dépasser cette putréfaction. Une fois la partie rejetée intégrée, on atteint à une complétude intérieure plus forte. Une harmonie. C’est en affrontant notre multiplicité intérieure que nous pouvons espérer gagner en clarté, et non en la fuyant. Cela ne peut pas se faire dans un combat sans relâche, mais dans une acceptation de notre propre noirceur, de ce que nous rejetons de nous-mêmes. Une reddition interne.
- Illustrations
Sur le plan des récits, la putréfaction correspond à la confrontation entre la simplicité et la multiplicité, la vie et la mort.
Osiris, qui est coupé en morceaux par Seth, sera ici momifié par le Neter du Scorpion, Anubis. Celui-ci lui permet d’atteindre l’éternité à partir d’un moment de décomposition.
C’est encore le face-à-face entre le héros solaire et le monstre lié aux ténèbres. Ce premier affronte le sans forme pour revêtir une forme plus pure. L’« ombre » est projetée sous la forme du monstre, afin de mieux l’intégrer, de lui faire face.
Thésée affronte ici le Minotaure dans le labyrinthe. Il va avoir face à lui une identité multiple, mi-homme mi-taureau, qu’il va devoir en quelque sorte assimiler (rappelons-nous que ka veut dire taureau en égyptien). Face à la simplicité de notre personnalité consciente gît en nous-mêmes un monstre de complexité. Alors la véritable tâche du héros solaire, c’est de se confronter à cette ombre pour accéder à la totalité de lui-même, à son Inconscient où demeure le Soi, la totalité de son être.
Nous pouvons penser ici au combat entre Gandalf le Gris et le Balrog qui se conclut par la mort des deux adversaires. Dans Le Seigneur des anneaux, les deux tours de John Ronald Reuel Tolkien, Gandalf le Gris est alors, par un mystère, réincarné en Gandalf le Blanc, un magicien dont les pouvoirs sont décuplés. Il s’agit, selon Gandalf, d’une purification de Saruman, son ennemi. Nous avons donc l’image selon laquelle le combat, victorieux ou non, contre « le monstre intérieur » donne lieu, pour celui qui est dans une voie initiatique, à une profonde transformation spirituelle. Le combat est en réalité l’intégration de la multiplicité intérieure représentée par l’adversaire. L’intégration de la part cachée dans la psyché consciente. Cela doit conduire ici à une façon de vivre plus harmonieuse. Une véritable paix fait jour, on avance en direction d’une unité.